Nos pochettes imperméables pour smartphone sont fabriquées en France, dans la vallée de Chamonix, par Redeem Equipment. Nous sommes allés récupérer les pochettes directement à leur atelier installé à Passy (74). L’occasion, après de longues semaines d’échange, de les rencontrer enfin en vrai et de découvrir les coulisses du développement des accessoires fabriqués. Retrouvez dans ce deuxième article notre visite de l’atelier et notre échange avec Irene et Pauline, éco-designeuses et fondatrices de la marque Redeem Equipment.

Cliquez ici pour (re)découvrir notre premier article présentant la naissance de cette pochette.

Pouvez-vous vous présenter et présenter Redeem Equipment ?

Pauline : Nous sommes Irene et Pauline, éco-designeuses installées à Passy en Haute-Savoie. On s’est associé en septembre 2019 pour fonder Redeem Equipment, une marque « d’upcycling » valorisant le matériel de montagne voué à être jeté.

Irene : On récupère des chutes de production, des prototypes, des échantillons… que les entreprises de l’industrie Outdoor ne peuvent commercialiser et on développe à partir de ceux-ci des accessoires et objets pour le sport, les voyages et la montagne.

Quel a été le déclic pour fonder Redeem Equipment ? Racontez-nous la naissance de votre marque et entreprise.

Pauline : Redeem est le fruit de deux parcours parallèles qui se sont ensuite croisés. Irene et moi on se connaissait déjà depuis quelques années. Je créais des objets en matériaux recyclés comme des sacs depuis janvier 2018, sous un autre nom, une autre marque. Je les vendais et ça marchait bien, je faisais les marchés et je vendais sur Etsy. Je me rendais vraiment compte qu’il y avait un marché là-dedans. Il y avait du boulot ! Irene me suivait, elle achetait mes produits et fabriquait aussi des objets et accessoires de son côté.

On partageait les mêmes valeurs et on se disait toujours qu’il y avait quelque chose à faire ensemble, une collaboration, une entreprise commune à développer.

Irene : Je viens du monde de l’Outdoor. Je travaillais pour Blue Ice aux Houches (74), une marque qui conçoit du matériel d’alpinisme. Je m’occupais de toute la partie développement de produit. Je faisais aussi les voyages en Asie pour faire le lien avec les fabricants. Je me suis aperçue à ce moment-là de la grande perte qu’il pouvait y avoir lors du développement d’un produit, les prototypes étaient bien souvent jetés, des chutes non utilisables aussi… Des équipements et matériels tout neufs étaient souvent détruits. Ce constat de gaspillage a été un vrai déclic pour moi !

Pauline : Je commençais aussi à avoir de la concurrence dans le domaine de la création d’objets de sacs et accessoires faits-main. Je me suis alors recentrée, posée les bonnes questions et me suis demandée ce que j’aimais vraiment ? la réponse a été simple : j’aime créer et j’aime l’escalade. J’ai commencé alors à faire des sacs à magnésie pour l’escalade et des portes-monnaies légers et pratiques que l’on puisse emporter en ski, à la montagne… Puis rapidement, avec Irene, nous nous sommes concentrées sur la création d’accessoires dédiés spécifiquement à la montagne et composés uniquement de matériaux récupérés.

On s’est alors rendu compte, Irene et moi, que nous avions des compétences très complémentaires. Irene a travaillé sur le site web et le projet Redeem s’est très vite lancé !

Comment commercialisez-vous vos produits ?

Pauline : On participe à des aux salons événements sportifs de l’Outdoor comme le salon de l’escalade, la coupe du monde d’escalade, la Bornes To Fly (compétition de parapente). On vend aussi en direct, via notre boutique en ligne.

Irene : On propose aussi du service aux entreprises avec la création et le développement de produits personnalisés. Comme on l’a fait pour la pochette Avintur. Certaines entreprises nous contactent d’ailleurs pour valoriser leurs propres déchets.

Comment faites-vous pour trouver votre stock de matériel à réutiliser ? Vous démarchez les entreprises de l’industrie Outdoor ? ça n’a pas été trop compliqué pour les convaincre de vous donner leur matériel ?

Pauline : Et bien ce sont les entreprises qui sont venues vers nous ! Elles ont entendu parler de Redeem et nous ont contacté dans le but que nous les aidions a valoriser leur déchets. Beaucoup de collaborations sont en cours. Souvent ce sont des chutes de production , donc de la matière neuve mais qui ne peut pas se vendre.

Irene : On stocke beaucoup de matériel qu’on nous donne. Le besoin d’espace va bientôt devenir urgent d’ailleurs ! Certains produits récupérés ne correspondent pas forcément au projet d’aujourd’hui mais correspondront probablement à celui de demain ! On garde tout.

Quelle est la partie de votre travail la plus fastidieuse ?

Pauline : Il y a un gros travail de tri, de lavage, de démontage pour extraire les différents composants de ce qu’on nous donne. Par exemple lorsqu’on a fabriqué la pochette Avintur qui est réalisée en toile de tente, il a fallu démonter la tente, extraire les différents anneaux, laver et faire les découpes…

Irene : La phase de démontage est assez longue et on est en train de la déléguer petit à petit. On avait plus le temps de tout faire. On a alors décidé de favoriser l’économie sociale et solidaire en confiant cette tâche à des personnes en insertion sociale. Nous avons également trois couturières de la vallée de Chamonix qui nous aident dans la production et la création de nos produits. L’une d’elles nous a d’ailleurs rejoint pour travailler avec nous dans notre atelier.

Quelles valeurs et quelle image vous souhaitez transmettre à travers la marque Redeem ?

Pauline : On veut avant tout promouvoir des valeurs environnementales. On souhaite minimiser notre impact sur l’environnement. On veut montrer aux gens que l’on peut gérer nous même nos propres déchets. On aide les industriels à le faire car c’est eux les plus gros pollueurs. Mais on achète aussi du matériel et des vêtements chez eux… donc on est aussi responsables.

Irene : On veut aussi valoriser « l’upcycling », la réutilisation, on va « redonner de la valeur ». La réutilisation est bien plus respectueuse que le recyclage. Dans un processus de recyclage d’une bouteille en plastique par exemple, on va amener la bouteille à la déchetterie, puis sa matière va être réduite puis retransformée, etc. Beaucoup d’énergie et de ressources sont consommées comme l’eau, l’électricité, certains produits chimiques…

Pauline : Mais il n’y a pas que le côté écologique. On a à cœur de faire marcher l’économie sociale et solidaire, de faire travailler des personnes en insertion sociale et en situation de handicap.

Irene : On souhaite aussi promouvoir le « slow-life », un mode de vie qui nous tient à cœur correspond. On ne veut pas être esclave de notre travail. On est obligé de refuser certaines demandes, notamment de particuliers, car on n’a pas le temps de tout faire. Et on est ok avec ça, Il faut prendre le temps de vivre !